L'Innocente : un roman érotique tout sauf... innocent

Luc Farnade, auteur de littérature érotique, nous parle de son nouveau roman, L'Innocente.

Sophie, le personnage du premier roman érotique de Luc Farnade, est tout sauf sage… Aussi exhibitionniste que perverse, travaillée par des désirs contradictoires, violents et honteux, elle est une héroïne très complexe ainsi qu’une experte dans l’art délicat de jouer à l’arroseur arrosé. Pour en savoir plus, j’ai soumis à la question Luc Farnade, son créateur.

Photographie © Roy Stuart

Bonjour Luc Farnade. L’Innocente est votre première fiction et il s’agit d’un roman érotique, ce qui n’est pas anodin. D’où vient ce désir ?

Jusqu’à présent, j’ai effectué l’essentiel de ma carrière dans la politique, dans le sillage d’une ancienne personnalité tombée en déchéance. Le tournant s’est amorcé avec une psychanalyse qui m’a amené à me recentrer sur l’écriture, une passion qui ne m’a jamais quittée depuis l’enfance. La littérature érotique a été une sorte d’exutoire qui s’est imposé à moi au moment où je n’arrivais plus à faire avancer un autre roman (tout public) qui est d’ailleurs toujours sur le métier. L’Innocente a débarqué dans mon esprit par surprise. Mais dès qu’elle a été là, j’ai senti qu’il y avait une foule de situations excitantes à écrire et j’ai adoré la coucher sur papier.

De quoi parle L’Innocente ?

De Sophie, une jeune femme qui a trouvé un moyen de vivre des passages à l’acte sexuels très débridés tout en s’assurant de garder l’image d’une fille sympa et innocente de tous ses vices. Plus concrètement, Sophie va faire semblant de ne pas savoir qu’elle est victime d’un ami voyeur...

Le choix de votre pseudonyme n’est pas... innocent. Voudriez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

Mon pseudo est l’anagramme des deux plus grands psychanalystes du monde. Vous y êtes ?...

La clef d’un roman érotique réussi : le soin apporté au contexte

Dans votre roman, vous attachez beaucoup d’importance aux relations entre les personnages, à leurs réactions émotionnelles, à leur psychologie. Comment s’y prend-on, quand on est écrivain de romans érotiques, pour rendre crédible et intéressant un personnage ?

Qu’il s’agisse d’un roman érotique ou classique, faire croire à un personnage consiste à le présenter dans sa complexité. Avec des qualités, des défauts, des conflits internes qui permettront qu’on s’identifie à lui parce que nous sommes tous complexes.

Selon vous, qu’est-ce qui caractérise une bonne scène érotique ? Quels conseils pourriez-vous donner à nos lecteurs qui voudraient se lancer dans le grand bain ?

À mon sens, l’essentiel tient au contexte dans lequel la scène se déroule. La description anatomique d’un rapport sexuel est en elle-même dépourvue d’intérêt si elle n’est pas l’aboutissement d’une pure folie, d’un lâcher-prise sur l’interdit du sexuel qui organise la société. On ne baise pas facilement, la vie est comme ça, c’est une réalité. Du coup, la scène du plombier qui vient s’occuper de la tuyauterie de Madame n’a aucune crédibilité parce que tout est trop facile. C’est le problème de certains romans érotiques, qui échouent à restituer la difficulté, voire l’angoisse que suscite la sexualité, et à trouver une manière originale de s’arranger avec ce qui la rend inaccessible. C’est aussi pour ça que je trouve que la girl next door a un potentiel érotique infiniment plus puissant que la femme fatale.

"Ouah ton texte, il donne chaud, j’arrive pas à décrocher tellement il m’excite H24 !"

Parlez-nous de l’aspect technique de votre travail, laissez nos lecteurs jeter un œil dans votre atelier !

Je cherche toujours à faire en sorte que le texte exprime plus que ce qu’il prétend dire. Sinon, c’est du journalisme. Donc je me relis beaucoup parce que je suis rarement satisfait de ce qui vient immédiatement sous la plume. En même temps, j’ai tendance à laisser la créativité s’exprimer dans un premier temps pour laisser vivre l’histoire et ses personnages. Dans un second temps seulement viennent les soucis de rythme et de construction.

Avez-vous fait lire votre manuscrit à des lecteurs (ou des lectrices) privilégiés, avant de l’envoyer à votre éditeur ?

Non parce que je crois qu’un ami aura toujours du mal à me dire "Ouah ton texte, il donne chaud, j’arrive pas à décrocher tellement il m’excite H24 !" L’angoisse du sexuel, toujours...

Quels sont vos futurs projets ?

Finir enfin ce livre dont je vous parlais. C’est un plaisir et une souffrance de l’écrire.