Une bonne fessée avec Richard Le Corre - Interview

Christophe Siébert interviewe l'auteur érotique Richard Le Corre, pour la parution de son roman "Culs écarlates". Une histoire de fessées...

Culs écarlates fait la part belle à un art et une discipline aussi excitants que tabous : l’art de donner et de recevoir une fessée. Dans cet entretien sans tabou, Richard Le Corre nous raconte sa découverte de cette pratique et nous confie ses secrets d’écritures.

Bonjour Richard Le Corre. Culs écarlates n’est pas un coup d'essai. Parlez-nous de votre parcours et ce qui vous a poussé à écrire des romans érotiques.

J’écrivais depuis longtemps des chansons. Je voulais écrire de la science-fiction et du policier, mais je ne savais pas si j’avais à la fois l’allonge et la qualité pour écrire des romans. J’ai failli me tourner vers les romans à l’eau de rose, qui faisaient fureur dans les années 80 et 90. Un jour, j’ai appris que La Musardine recherchait des auteurs. Je suis entré en contact avec Esparbec, qui m’a demandé d’écrire un chapitre, histoire de me tester, puis ce fut un demi-roman, puis j’ai fini le livre en respectant ses consignes. 

Esparbec s’est montré attentif, généreux en conseils avisés et bienveillant envers le débutant que j’étais. Il m’a encouragé et je lui dois beaucoup. 

Je suis donc arrivé au bout de ce premier roman, Les Exhibitionnistes, l’histoire d’un jeune étudiant qui découvre certaines audaces. J’y avais inclus quelques anecdotes entendues autour de moi, modifiées, réarrangées et complétées pour former un tout cohérent. J’ai ensuite écrit un deuxième roman, totalement fictif celui-là, puis un troisième… 

Donner envie aux lecteurs et aux lectrices d’essayer la fessée

De quoi parle Culs écarlates ?

Si je dis que le livre parle de fessées et d’érotisme, ça ne sera pas une grande révélation ! Sur un autre niveau, il parle d’évolution humaine, d’adaptation à une situation totalement nouvelle et surprenante : comment un « vanille » total, idéaliste et un peu naïf, se trouve confronté aux fantasmes de sa femme et plonge dans cet univers pour sauver son couple. 

Êtes-vous obsédé par la fessée ? Pensez-vous qu’il faille l’être pour apprécier vos livres ? 

J’ai découvert en écrivant mon premier roman que ça m’amusait beaucoup d’écrire des scènes de fessée. Dans le suivant, il n’y a qu’une seule vraie scène de fessée, mais elle est très spectaculaire ! Je me suis une fois de plus beaucoup amusé. Et grâce à Internet, je me suis lancé dans une exploration débridée de e monde parallèle… 

Un des avantages de la fessée est quand même de montrer un paquet de jolis culs bien mis en évidence ! Un autre est l’intensité incroyable des émotions rapportées dans les textes. J’ai découvert un univers plus complexe que je l’aurais cru. Ça m’a captivé. J’ai lu beaucoup de récits sur le sujet. J’ai alors voulu vivre tout ça et suis devenu fesseur moi-même. Cela m’a plu au-delà de ce que j’imaginais. 

Je connais maintenant bien le petit monde de la fessée, même si je garde mes distances. Et ce qui me plairait énormément, c’est donner envie à mes lecteurs et lectrices non-initiées l’envie de tester en vrai cette pratique.  

Osez… l’écriture !

Quels conseils donneriez-vous à nos lecteurs qui voudraient écrire un roman érotique ?

Il ne faut pas hésiter à se lancer si on pense avoir le virus de l’écriture et que les sujets se pressent au portillon, triturant les neurones pour sortir enfin au grand jour. Je n’en reviens toujours pas d’avoir été plusieurs fois édité et réédité et de ressentir toujours ce besoin de créer de nouvelles histoires. Avoir osé franchir le pas il y a un quart de siècle maintenant a transformé ma vie, la rapprochant de ce que je suis vraiment. Osez… l’écriture !

Parlez-nous de l'aspect technique de votre travail, laissez nos lecteurs jeter un œil dans votre atelier !

Je suis du genre à ne pas me lancer tout de suite dans la rédaction. J’ai besoin qu’un schéma de départ soit bien en place pour débuter l’écriture. Je le construis dans ma tête. J’accumule des éléments, des briques qui pourront servir, concernant aussi bien les personnages que les décors ou les actions. Ensuite, je sens le moment où je dois commencer à rédiger. Le premier jet coule très souvent naturellement. Si j’ai bien préparé mon affaire, tout devient fluide. Je n’ai pas l’angoisse de la page blanche.

Le souci du détail et de l’originalité

En cours d’écriture le schéma initial peut voler en éclats : mes personnages peuvent n’en faire qu’à leur tête, comme si ce n’était plus moi qui parlais ou décidais. Ce phénomène m’a au début beaucoup surpris. Je ne savais pas s’il fallait l’accompagner ou lutter contre. Désormais je ne m’inquiète plus, je laisse les choses se faire. 

Lorsque je relis ou que recopie (j’écris encore beaucoup à la main), je corrige énormément, car le but du premier jet a plutôt été d’écrire tout ce qui venait en évitant d’en perdre le fil. J’attache beaucoup d’importance à la cohérence et au détail qui rend crédible une scène et permet à quiconque qui me lit de se l’approprier. 

Faites-vous lire vos manuscrits à des lecteurs (ou des lectrices) privilégiés, avant de les envoyer à votre éditeur ? 

Je ne souhaite pas qu’autrui puisse intervenir dans ma fiction, puisse en dévier le cours. Ce qui est ainsi proposé au public possède à mon avis un degré assez fort d’authenticité et d’originalité. Pour moi, la création ne peut se concevoir que comme une production très personnelle, même si elle n’est pas non plus le reflet de son créateur, ni celui de son nombril. J’espère que mes livres ne peuvent être confondus avec ceux d’un autre, et que ce trait distinctif s’étend à toutes mes créations.