Les Trois Femmes du candauliste, roman de Camille Chardon - Interview de l'auteur

Christophe Siébert interviewe l'auteur de romans érotiques Camille Chardon.

Les Trois femmes du candauliste s’inscrit dans la veine "noire et romantique" de la collection, au même titre que Dix hommes par semaine ou La Remplaçante. Comment écrit-on un roman érotique qui soit à la fois sombre et excitant ?

Bonjour Camille Chardon. Les Trois femmes du candauliste est votre première parution aux Nouveaux Interdits mais ça n’est pas votre premier roman érotique. Parlez-nous de votre parcours.

J’ai commencé à écrire un roman pour une amie, qui a d’ailleurs inspiré le personnage de Margot dans Les Trois femmes du candauliste. Ce roman, 55 Heures à Paris, était au départ un jeu entre nous : j’imaginais ce qu’il pourrait se passer si nous nous rencontrions. Par défi, j’ai envoyé le texte à Évidence Éditions et ça a marché ! Quelques nouvelles érotiques ont suivi. Poussé par cette même amie et quelques lecteurs et lectrices, j’ai écrit Les Trois femmes du candauliste, qui met en scène les mêmes personnages que 55 heures à Paris.

Le candaulisme ouvre énormément de possibilités pour un auteur de romans érotiques

De quoi parle Les Trois femmes du candauliste

D’un drôle de quatuor. Camille, un homme plutôt soumis – c’est bien sûr lui le candauliste du titre –, son amante Alicia et sa compagne Carine rencontrent Margot, une dominatrice qui devient leur maîtresse – dans tous les sens du terme ! Ils décident, comme une expérience libertine et amusante, de vivre ensemble. Margot joue le rôle de la cheffe de famille. Mais leur plan va déraper et d’autres personnages perturberont les relations entre tout ce beau monde !  

Le thème du candaulisme est central dans votre livre. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Quand j’ai commencé à écrire de l’érotisme j’ai d’abord été attiré par le BDSM. Et le candaulisme s’est imposé petit à petit comme une matière encore plus intéressante à exploiter, pour ajouter du piment, de la profondeur et de la complexité à mes histoires et mes personnages. Dans ma vie réelle ça n’est rien d’autre qu’un fantasme, mais il résonne en moi de façon très puissante – et je pense que c’est aussi le cas pour mes lectrices et mes lecteurs. Il y a dans un candaulisme un côté très intellectuel, très conscient, une perversité assumée et en même temps un aspect animal, instinctif, qui remue des choses brutes, des émotions fortes. Pour un auteur, cela ouvre énormément de possibilités, tant dans les situations que pour les intrigues. 

Aller droit au but et chercher la bonne formule

Comment écrit-on une bonne scène érotique ?

Il faut respecter la psychologie des personnages, afin de rendre ces scènes crédibles et surtout humaines. Ils ont tous des désirs et des fantasmes, mais c’est leur rencontre avec ceux des autres qui va rendre une scène intéressante. Dans le sexe en général, la réussite dépend de l’alchimie entre les amants. Eh bien, il faut atteindre cette alchimie dans le texte, faire ressentir les motivations, le désir, les ressorts du plaisir chez chacun des protagonistes. Il faut donc avoir bien construit ses personnages pour savoir comment ils vont réagir dans telle ou telle circonstance.  

Quel genre d’écrivain êtes-vous ? 

Je réécris très peu. Une fois lancé, ça vient de manière fluide et je ne retravaille quasi rien. Je ne fais pas de plan : je n’arrive pas à me tenir à un fil pré-écrit. Pour Les Trois femmes du candauliste, ça a été plus compliqué, car au départ je l’avais écrit sous la forme d’un journal intime rédigé par Camille et adressé à Margot. Mais mon éditeur m’a suggéré d’opter pour une narration plus classique, ce qui a entraîné un certain travail de réécriture, pour le coup. Le récit a gagné en clarté et en rythme.  

En ce qui concerne le style, comme j’ai de l’expérience dans la rédaction journalistique, j’ai pris l’habitude de la concision. Je vais droit au but et cherche la bonne formule, qui exprimera en quelques mots ce que d’autres auraient mis plusieurs lignes à formuler.

Provoquer le désir et donner du plaisir

Faites-vous lire vos manuscrits à des lecteurs (ou des lectrices) privilégiés, avant de les envoyer à votre éditeur ? 

Je suis en contact avec quatre ou cinq lectrices sur qui je « teste » mes idées, puis je m’ajuste en fonction de leurs commentaires. Je suis aussi attentif aux retours que peuvent m’adresser les libertins et libertines que je connais. N’étant pas moi-même adepte, je trouve rassurant de savoir que mes textes sont crédibles aux yeux de personnes pratiquant le libertinage ou le candaulisme ! De plus, j’avoue que c’est très gratifiant et flatteur de savoir que mes mots provoquent du désir, voire du plaisir. C’est peut-être la plus belle motivation pour écrire des romans érotiques !