Interview d'Eden Liber pour son roman érotique "Escapades libertines"

Christophe Siébert récolte les secrets d'écriture d'Eden Liber, auteur d'un roman érotique remarquable.

Escapades libertines parle d’échangisme sous un angle un peu particulier pour un roman érotique, et c’est ce pas de côté qui le rend intéressant : en effet, en choisissant de développer les sentiments de ses personnages, de mettre l’accent sur leurs doutes, leur culpabilité, leurs contradictions, Eden Liber nous offre un regard riche, sensible et parfois cruel sur le couple, l’amour et toutes ces sortes de choses.

Bonjour Eden Liber. Si Escapades libertines est votre premier livre sous ce nom, vous n’êtes pas novice en littérature, loin de là.

En effet, j’ai publié une quinzaine de romans et d’albums jeunesse sous ma véritable identité. Escapades libertines est un peu un retour aux sources, puisque le premier texte que j’ai écrit, il y a une trentaine d’années, était un roman érotique. J’en remettais les chapitres au compte-gouttes à l’amour de ma vie, qui en ce temps-là était plutôt timide. Le but était de l’émoustiller et de l’inspirer. Ça a plutôt bien fonctionné, puisque nous partageons la couette depuis lors. 

Après cette première tentative, il s’est passé dix ans avant ma première publication, en littérature jeunesse. Nos enfants étaient petits et ce sont nos lectures, nos échanges, nos jeux, nos rigolades et nos préoccupations de parents qui m’ont donné envie d’écrire pour le jeune public.

Le retour au roman érotique s’est amorcé par hasard, sur un salon du livre. Nous parlions avec mon voisin de stand de nos débuts littéraires. J’ai évoqué mon premier opus, au contenu sulfureux. Il m’a demandé si je connaissais La Musardine. Sur son conseil j’ai contacté Christophe Siébert. Nous avons tout de suite été sur la même longueur d’onde. J’ai choisi de signer Escapades libertines d’un pseudonyme car les publics scolaires auprès desquels j’interviens régulièrement ont l’habitude d’effectuer des recherches sur le net lorsqu’ils préparent ma venue !

De quoi parle Escapades libertines ?

Escapades libertines est un roman érotique que j’ai voulu centré sur les femmes et leurs désirs. Elles mènent la danse, prennent les initiatives et définissent les règles du jeu.

Trois femmes très différentes se rencontrent par hasard lors d’un covoiturage et décident de se lancer dans une aventure libertine, pensant que leurs couples auront tout à y gagner. L’aînée et la plus jeune, qu’une génération sépare, développent une forte complicité, faite de séduction et de désir. J’aime l’audace, la spontanéité et la joie de vivre qui animent Samia et Flore, mais aussi la réserve embarrassée d’Alexandrine, qui incarne la mère et la femme « comme il faut », avec ses idées reçues, ses peurs et ses jugements. Ces trois figures attachantes me permettent d’aborder tous les âges de la vie : la jeunesse avec son exubérance, la maturité faite de carcans et de renoncements, puis la conquête d’une nouvelle liberté, assumée et décomplexée. 

La notion de fidélité est au cœur de votre livre.

Au début, les personnages croient rester fidèles, puisque tout est négocié, cadré, prévu par un contrat : il n’y a ni trahison ni mensonge possible. Mais on ne maîtrise jamais tout et même si on décide de pratiquer le sexe comme un loisir, on n’est jamais à l’abri d’une surprise…

Selon vous, qu’est-ce qui caractérise une bonne scène érotique ? 

Une scène érotique n’est intéressante que si elle fait progresser l’action et évoluer les protagonistes, sinon elle restera creuse et nous fera peu vibrer. Dans leurs étreintes comme ailleurs, les personnages d’Escapades libertines sont humains, touchants, marqués par une sensibilité qui leur est propre. 

Reproduire sous forme de mots les clichés véhiculés par l’industrie du cinéma porno ne m’intéresse pas. Un roman érotique va plus loin dans la suggestion qu’un film, car il nous ne nous fait pas seulement entrer dans le corps, mais aussi dans l’esprit et le cœur des personnages. L’excitation n’en est que plus forte, puisque le cerveau est de loin la première des zones érogènes.

Parlez-nous de l’aspect technique de votre travail, laissez nos lecteurs jeter un œil dans votre atelier !

Je fonctionne d’abord à l’impulsion, à l’intuition. J’aime improviser, laisser libres mes personnages et me laisser surprendre par leurs évolutions. 

Après le premier jet écrit dans une sorte d’urgence, je travaille la forme pour rendre le texte plus fluide, mais je ne touche généralement pas au déroulement de l’histoire. Je souhaite conserver la spontanéité et la sincérité originelles, auxquelles je tiens énormément, en partant du principe que lorsqu’on crée avec passion, on atteint un niveau de vérité que le cerveau rationnel ne peut pas produire. 

Merci, Eden Liber !