Amy Waldo - Photographie @yogiyo
Chaude comme l’enfer annonce la couleur dès son titre. Il s’agit d’un roman érotique d’émancipation féminine, une ode à la liberté de vivre tous ses fantasmes, y compris s’ils doivent vous emmener dans des zones interdites et vous faire côtoyer la honte, la cruauté, rejeter toute morale et perdre vos amis. Chaude comme l’enfer est un roman dont la patine très littéraire et l’érotisme très cru cachent une histoire extrême et ambiguë.
Bonjour Amy Waldo. De quoi parle votre roman érotique Chaude comme l’enfer ?
Chaude comme l’enfer raconte l’histoire d’Eva, une femme solitaire et mal dans sa peau qui part en vacances avec Ellie et Tristan, ses amis en couple. Suite à une soirée avinée, une relation fragile qu’on pourrait qualifier de polyamoureuse se noue entre eux. Mais les désirs d’Eva la mènent dans une autre direction, de plus en plus claire, ou peut-être de plus en plus obscure, lorsqu’elle rencontre Vic et sa bande de motards. Ils l’entraînent si loin de sa vie d’avant qu’elle ne pourra plus vraiment y revenir.
"Je ne viens pas d'une famille d'artistes"
Chaude comme l’enfer est votre premier roman érotique, mais vous écrivez depuis longtemps. Parlez-vous de votre parcours.
J’ai toujours écrit. J’ai commencé petite. J’ai recopié Harry Potter, puis Oliver Twist, puis j’ai fait du succédané de Poppy Z. Brite… Peu à peu, mes textes ont acquis une personnalité propre. Chaude comme l’enfer est mon quatrième roman et, en effet, mon premier roman érotique.
Je ne viens pas d’une famille d’artistes alors j’ai pris du temps avant d’envoyer des manuscrits à des maisons d’édition, c’était difficile d’accomplir ce saut identitaire. Je me suis donné la permission d’essayer à vingt-sept ans, après une série de déceptions professionnelles et un hiver sous benzodiazépines.
J’ai commencé à écrire des poèmes suite à ma découverte du monde littéraire d’aujourd’hui, qui s’est faite par le prisme du milieu poétique. La poésie m’aère l’esprit.
Un roman érotique doit-il bousculer ses lectrices et ses lecteurs ?
À partir du moment où on écrit sur la sexualité de manière franche, on accomplit un geste déviant. Cette franchise signifie sortir autant que possible des stéréotypes pour explorer un infini de sensibilités particulières. Or, voyager sans carte au pays de la sexualité n’est pas rassurant. Mais cela peut aussi être un ravissement de se lancer tout de même et tomber sur des choses qu’on n’aurait jamais trouvées le long d’un itinéraire balisé.
"Quand j'écris, j'ai des images et des sensations"
Une partie de votre travail traite de la place des femmes dans notre société et présente un point de vue féministe. Est-ce le cas dans Chaude comme l’enfer ?
Je suis heureuse que mon travail intéresse les féministes, mais le féminisme est vaste et divers. Je ne me qualifie pas d’autrice féministe, même si je milite volontiers.
Mes textes ont tendance à mettre en scène des femmes, et ça n’est toujours pas anodin de mettre en scène des personnages féminins ! Mais je revendique le droit de n’être la porte-parole de personne. Je pense que cette prépondérance féminine est due au fait que je suis une femme et qu’écrire de ce point de vue me touche davantage et demande moins d’imagination. Comme beaucoup d’hommes qui écrivent des hommes, finalement.
Je ne sais pas si Chaude comme l’enfer est un roman érotique féministe. Je ne crois pas à la transmission d’idées par la fiction. De toute façon, je n’ai pas d’idées quand j’écris, plutôt des images ou des sensations. Je préfère laisser le texte parler pour lui-même.
Qu’est-ce qui caractérise une bonne scène érotique ? Avez-vous des conseils à donner ?
Elle doit vous donner envie de vous branler. Et comme personne n’a les mêmes goûts dans ce domaine, le roman érotique transporte nécessairement sa part d’échec !
Il faut lire le plus possible et dans tous les genres. J’ai deux conseils plus précis : ne pas juger son écriture et ne pas essayer d’orienter le texte dans une certaine direction. Il est possible qu’il prenne un chemin qui vous surprend ou vous déplaît : je recommande absolument de le suivre.
"L'écriture n'est pas un voyage organisé"
Quel genre d’écrivaine êtes-vous ?
Avant de me considérer comme telle, j’écrivais seulement quand j’étais inspirée, lentement, sans me corriger. J’ai fini trois romans de cette façon, mais j’en ai aussi abandonné beaucoup. Je pouvais passer des années sans rédiger une ligne. Maintenant, je me force à écrire régulièrement et quand je commence un roman, j’essaie de terminer un premier jet le plus vite possible. Ça implique d’apprendre à se corriger. Il y a encore des périodes où je n’écris pas, mais elles ne durent que quelques mois au maximum et m’angoissent beaucoup moins.
Une chose n’a pas changé : je n’ai jamais fait de plan. L’écriture, pour moi, est une aventure de l’esprit, pas un voyage organisé.