Vous venez de terminer votre manuscrit. Il est fin prêt : relu, corrigé, rerelu, recorrigé. Où l’envoyer, à qui ? Voici le mode d’emploi pour ne pas vous planter. PS : évidemment, cet article ne s’adresse pas seulement à celles et ceux qui ont écrit un roman érotique mais à toutes les autrices et auteurs – ne le répétez à la personne, sinon ma boss va encore me fouetter !
Je ne vais pas vous faire le coup du compte d’éditeur vs. compte d’auteur, tout le monde est au courant. Sinon, c’est simple : on ne paie pas pour publier. Jamais, à personne, en aucune circonstance. Ni de façon directe, en contribuant aux frais de correction, d’impression ou de promotion, ni de façon indirecte, en étant obligé d’acheter un certain nombre d’exemplaires. D’autres sites expliquent ça en détail, par exemple celui-ci.
Règle n°1 : la bibliothèque et le catalogue
Possédez-vous au moins un roman érotique publié par la maison à qui vous envisagez d’envoyer votre manuscrit ? Si la réponse est non, ça n’est pas peut-être pas la peine de la solliciter. Un éditeur confidentiel au point que vous ne possédez pas un seul de ses livres, alors que vous vous intéressez au genre avec plus d’assiduité que les lectrices et lecteurs lambda, il y peu de chances pour que votre public potentiel le connaisse et le lise.
Et le reste du catalogue ? L’édition fonctionne comme une famille. Un oncle relou et une grand-mère réac, ça va, mais toute une tablée de pénibles, mieux vaut rester chez soi à Noël. Si un trop grand nombre de livres vous semblent mauvais ou un trop grand nombre d’autrices et d’auteurs stupides, déplaisants, politiquement douteux, réfléchissez avant de vous mettre en situation de les croiser, leur serrer la main et dîner en leur sale compagnie.
Règle n°2 : les librairies et les salons
Rendez-vous chez votre libraire préféré, puis à la FNAC et/ou au Cultura les plus proches. Y trouve-t-on les livres de la maison d’édition que vous visez ? Peut-on les commander facilement ? S’il existe un salon du roman érotique près de chez vous, visitez-le, cherchez le stand de ceux que vous comptez solliciter. Un éditeur au catalogue introuvable, difficile à commander ou qui ne va pas à la rencontre de son public n’a pas grand-chose à vous apporter. Si vous signez avec lui, votre roman érotique risque de n’être lu que par une poignée de personnes – celles que vous aurez convaincues vous-mêmes.
Règle n°3 : le diffuseur et le distributeur
Le diffuseur présente aux libraires les nouveautés des éditeurs avec qui il travaille. Le distributeur assure la logistique : gestion des stocks, acheminement, etc. Pour simplifier, quand vous trouvez un livre en rayon, le diffuseur a convaincu le libraire qu’il plairait à ses clients. Et si vous devez le commander, le distributeur se charge de le lui faire parvenir le plus rapidement possible. L’éditeur que vous visez est-il diffusé ? Par qui ? Quelle est la réputation de ce prestataire ? Est-il distribué ? Là encore, ces facteurs vont fortement influer sur la présence de votre roman érotique en boutique et sur la capacité des commerçants à se le procurer si des clients le réclament.
Règle n°4 : l’avance sur droits et le tirage minimum
Ces informations-là se trouvent sur le contrat qui vous lie à votre futur éditeur. Les connaître implique donc qu’un début de relation existe déjà entre vous.
L’avance sur droits est une somme versée par l’éditeur, basée sur une estimation des ventes qu’il espère réaliser. Le tirage minimum indique le nombre d’exemplaires minimum que l’éditeur s’engage à imprimer.
Ces deux notions sont essentielles car plus l’éditeur investira de l’argent sur votre livre, plus il sera motivé à le vendre afin de récupérer sa mise. Un éditeur qui ne vous propose aucune avance et pratique l’impression à la demande (donc, aucun tirage minimum) gagne de l’argent dès le premier exemplaire vendu ou presque. Un éditeur qui vous propose 1000 euros d’avance et un tirage minimum de 500 exemplaires s’endette de quelques milliers d’euros avant même que le livre n’existe. Le vendre est pour lui une question de survie.
En respectant ces quelques règles, vous éprouverez moins de difficultés à vous orienter dans l’épaisse et passionnante jungle du milieu de l’édition. Bien sûr, que les maisons avec lesquelles vous entrez en contact acceptent de publier votre roman érotique, c’est une autre histoire. D’ailleurs, si vous ignorez ce que devient un manuscrit une fois envoyé, j’en parle dans cet autre article.