Aux Nouveaux Interdits et aux Aphrodisiaques, les livres se suivent et ne se ressemblent pas et c’est tant mieux. Après le très queer Rêve de Q, L’Académie des sens appartient à la veine feel good de notre catalogue. Ce roman érotique qui déborde de stupre et de situations cocasses est un parfait cocktail entre sexe et comédie. Mais quelle est la recette de l’auteur ?
Bonjour Pierre Triarde. L’Académie des sens est votre premier roman érotique, mais vous avez déjà une belle carrière d’auteur, sous d’autres noms.
Je suis chercheur et j’ai rédigé de nombreuses publications et plusieurs livres de vulgarisation scientifique. Ce n’est que depuis une quinzaine d’années que j’écris des nouvelles et des romans de science-fiction/fantastique. La rédaction de documents scientifiques demande une rigueur qui ne tolère aucune fantaisie et c’est normal, le but de ces écrits étant de transmettre de la connaissance. C’est donc pour m’octroyer plus de latitude et davantage me servir de mon imagination, que j’invente des fictions. Et un jour, je me suis dit : pourquoi ne pas me lancer dans la réaction d’un roman érotique ? Ce que j’ai fait et ainsi est né L’Académie des sens.
Mon personnage principal est capricieux, gauche, fainéant et un peu stupide
De quoi parle L’Académie des sens ?
L’Académie des sens est un roman érotique qui parle d’une école où on étudie les secrets du sexe et du plaisir. Les élèves apprennent à maîtriser les émotions, à connaître l’alchimie humaine, etc. Mon personnage principal, Anton Krieger, est le riche héritier d’un empire industriel. Il est capricieux, gauche, fainéant et un peu stupide. C’est donc pour extraire ce jeune homme de sa crasse hébétude que sa grand-mère l’inscrit à la Sensitive Academia. Et je peux vous dire qu’Anton va en voir de toutes les couleurs ! Rien ne lui sera épargné, ce qui paraît logique quand on se retrouve au milieu trente hommes et de trente femmes dont le seul souci est de baiser à toute heure du jour et de la nuit.
J'aime l'humour
Votre livre, sans perdre de vue l’aspect pornographique, explore des ambiances qui tirent tantôt vers la comédie, tantôt vers le burlesque. Était-ce important pour vous de mêler ces deux registres ?
Pour moi, un roman érotique ne doit pas seulement centrer son histoire sur une répétition de scènes de cul. Le sexe est capital mais il faut que le lecteur soit accroché par les aventures que vivent les différents personnages. J’aime l’humour, même quand celui-ci est poussé au burlesque, cela rend la lecture du livre plus agréable. J’aime bien aussi quand les mots instillent une sensation de bien-être. C’est reposant et c’est surtout bon pour le moral.
Selon vous, qu'est-ce qui caractérise une bonne scène érotique ? Quels conseils donneriez-vous à nos lecteurs qui voudraient se lancer dans le grand bain ?
Il n’y a pas de recette toute faite pour écrire un bon roman érotique. Le déroulé d’une scène de cul dépend de la sensibilité de l’auteur, de son parcours dans la vie et de ses préférences sexuelles. Pas besoin non plus de grands mots et de grandes phrases, tout doit partir des tripes et remonter vite vers le cerveau. En fait, la partie la plus délicate de l’exercice réside dans cet intervalle de temps qui se situe entre les pulsions érotiques de l’auteur et la retranscription de ses émotions en mots. Un processus quasi instantané, qui demande spontanéité et imagination.
Spontanéité, rythme, atmosphère
Quel genre d'écrivain êtes-vous ? Vous brouillonnez beaucoup ? Vous réfléchissez longuement à vos phrases avant de les écrire ? Vous attachez de l'importance plutôt au rythme, plutôt à l'atmosphère ? Parlez-nous de l'aspect technique de votre travail, laissez nos lecteurs jeter un œil dans votre atelier !
Je suis avant tout un auteur qui écrit sans plan. Je n’aime pas les plans, ils enferment les histoires à l’intérieur de cadres étriqués et altèrent la spontanéité des personnages. Quand j’écris une nouvelle ou un roman, j’aime me sentir libre, ne pas avoir à me conformer à un ordre préétabli. J’attache beaucoup d’importance à l’atmosphère que dégagent mes écrits. Le rythme aussi est important, à condition qu’il n’étouffe pas l’atmosphère. Quand j’écris, je laisse filer les mots que me dictent mes pulsions et mes émotions, je les laisse filer sans retenue et sans censure. Vient ensuite le temps de la relecture et les corrections. Cette étape ressemble au délicat travail d’un horloger des mots en quête de perfection.