On parle beaucoup de désir, d’excitation, la chaleur qui monte, comment tout le monde mouille en écrivant, lisant et cette insoutenable démangeaison de la masturbation, la jouissance du lectorat, le cri de l’auteur, MAIS il y a aussi des moments où on n’a plus l’envie ; on est sec, "totally dry", comme le chante PJ Harvey, pourtant le roman doit avancer, "The show must go on" comme hurle Freddie Mercury.
C’est donc ce désert-là de libido que nous allons traverser ensemble, gros !
1 - Mate et ose !
Tu es là, dans ton récit, tu as enchaîné les paragraphes, perdu des litres de sperme, de mouille, la journée avance, tu digères peut-être ton repas, l’après-midi commence et arrive cette scène de sexe. Tu pourrais prendre une pause c’est vrai, mais tu es lancé, installé, tu as tout en tête, les corps, les personnages pourtant, ça te laisse de marbre. Alors dans ce cas-là deviens VOYEUR et MATE.
Réfléchis et observe ce que tu sais faire, là où en général tu n’as aucune difficulté pour écrire. Exemple, les descriptions sexy des bons culs de tes meufs. Ou leurs bouches pulpeuses de lécheuses.
MATE aussi les sensations de ton corps. Quand ton cerveau t’abandonne, c’est ta chatte (ou ta bite) qui prend le relais. Écoute-la, contemple ses connexions nerveuses, là où tu frissonnes, où tu transpires et écris ce que tu ressens.
N’oublie pas, jette-toi à l’eau et VISUALISE. Oui parce que l’avantage d’être seul (je pars du principe que tu es seule à écrire hein, pas ces plans à plusieurs mains, jeux de vilains) c’est que tu es le maître du monde de ton imagination. Alors n’aies pas peur et lance-toi. Quand la lassitude s’incruste s’installe, creuse tes fantasmes les plus pervers, inavouables et enfouis. Tombe dans le gouffre honteux de tes pulsions sexuelles et utilise la fièvre qu’ils te procurent. Personne ne te juge, sois une "ch-ch-ch-cherry bomb, hello world I’m your wild girl", (c’est même ce qu’on attend de toi).
Et si visualiser tous ces corps qui se tendent et ces seins qui se dressent n’est pas suffisant pour lancer ta pussy riot, alors,
2 - Bouge ton poum-poum short, chéri chérie
Pense au groove, au mojo, au BEAT.
Rappelle-toi les échanges hot avec tes copines, tes mecs, tes plans culs, les confidences ou les détails de tes parties de jambe en l’air. Reprends les mots, retrouve la façon de dire, la fluidité dans la narration, observe comment les détails croustillants surgissent, comment arrive le point de bascule entre le moment où on parle et celui où on a chaud.
Relis les envies de tes sex-friends, le ping-pong de votre collé-serré verbal, le souffle s’accélère, les vulves s’ouvrent, les phrases raccourcissent et ça mouille dans ta culotte.
La progression des photos est un bon indice ; le temps béni de ta grande excitation, quelques heures en arrière.
Autre idée :
Choisis la playlist correspondant à l’humeur de ta scène, la chanson que tu trouves sexe, celui qui te donne envie de faire "oh bondage, up yours" ou ta femme fatale.
Fais tourner en boucle et recrée une ambiance glamour dans ton quinze mètres carrés. Imagine un public de morts de faim de baise, toi sous les projecteurs, ta chatte surpuissante, "you don’t own me", et oublie-toi dans la musique.
Écoute les pulsations entraînantes, les phrases musicales, courtes et brèves, longues et courbées, cale-toi sur le souffle des bites, euh, des beats, et travaille ta ponctuation en fonction de ça.
Sujet-verbe, point final. On enchaîne, on s’essouffle, court et sauvage.
Mots lascifs et virgules traînantes. On séduit, on halète, longue et suave.
Et si l’envie nous prend de mettre des points de suspension, alors le mystère des non-dits nous fait fondre dans des aveux indécents.
Mais si tu n’y es toujours pas, ne te laisse pas abattre et...
3 - Joue-la cabaret en appartement
En d’autres termes, pratique la relecture théâtrale, imagine-toi en bombe sexuelle, érotisant chacun de tes gestes et mots, souffle le chaud, augmente ton coefficient cul. Personne ne te regarde, érotise-toi, allume-toi, face à un miroir si t’as pas peur, face au mur blanc de ton salon ou de tes chiottes.
Relis-toi à voix haute, accomplis les gestes décrits par le texte, touche-toi, projette-toi dans la scène.
Si tu arrives à t’auto-exciter c’est bon signe, tu es sur la bonne voie, ton estime de toi te remercie, donc maintenant, profite pour compléter ta scène, rajouter des détails, les exploiter.
Interroge-toi, aurais-tu l’audace d’envoyer ce passage à ton éditeur ? Si ce n’est pas le cas, parce que tu continues à trouver ça super naze, que tu as honte d’autant de médiocrité, alors j’ai le regret de te dire que tu t’es assez branlé pour aujourd’hui. Coupe tout, enregistre, et pars t’acharner sur la grosse caisse de ta batterie, rebel girl !