Du pouvoir des objets aux objets du pouvoir
Fétichisme... À la simple évocation du terme, l’imaginaire s’emballe et chacun voit surgir, entre effroi et fascination, un étrange personnage rendant un hommage un peu trop appuyé aux escarpins vernis d’une femme. Pourtant, cette notion recouvre un champ d’investigation bien plus vaste. Car dans sa façon de mettre en scène et en action les corps et les rapports humains et de valoriser les objets à travers des structures d’échange, le fétichisme peut être pensé comme emblématique des mutations actuelles de la société de consommation. Quel rapport y-a-t’il entre Alice au pays des merveilles, Freud et un godemiché ? Dans un monde où tout devient marchandise, en quoi ce découpage métonymique du corps, cette prise de pouvoir des choses sur les êtres et de la partie sur le tout sont-ils révélateurs de nos existences inféodées à la loi du marché ? Pourquoi ne sommes-nous jamais que regard ou pur objet ? Comment le féminisme et l’art contemporain se sont-ils réappropriés le fétichisme ? En convoquant la psychanalyse, la sociologie, l’économie et l’histoire des mouvements féministes, Émilie Notéris livre une réflexion érudite sur le pouvoir des images et ces objets inanimés à qui l’on vend parfois son âme.
Émilie Notéris est née en 1978. Elle est l’auteure de Cosmic Trip (IMHO, collection « Et Hop », 2008) et de Séquoiadrome (Joca Seria, collection « Extraction »). Membre de la revue TINA, elle co-dirige la collection « littérature étrangè®e » avec la traductrice Nathalie Peronny pour les éditions è®e. Elle a également co-dirigé l’essai sur l’écrivain britannique James Graham Ballard : J.G. Ballard, Hautes altitudes, avec Jérôme Schmidt (è®e, 2008).