Touché par une balle allemande à la colonne vertébrale le 27
mai 1918, à vingt-et-un ans, Joë
Bousquet va rester paralysé de la ceinture aux pieds jusquà sa mort en 1950.
Il écrit, se fait connaître. Des peintres, des écrivains, des philosophes le
visitent : Éluard, Aragon, Bellmer, Gide, Valéry, Alquié, Jean Paulhan,
Dubuffet... Naturellement, il attire aussi beaucoup de femmes, jeunes et
jolies, autour de son corps infirme. Des
lettres passionnées séchangent, où parfois Joë Bousquet laisse passer lexpression de la violence sexuelle qui
lhabite. Le Cahier noir, quil
gardait secret, publié 39 ans après sa mort, met en scène une suite de tableaux
haletants et brûlants que lon noubliera plus, un ressassement obsessionnel de
scènes où se mêlent voyeurisme, sadisme, rites pervers et sodomites. Ouvrage
fantasmatique entre tous, Le Cahier noirpourrait être qualifié de texte visionnaire sur lamour, halluciné et
chimérique.
Joë Bousquet a vu dans sa blessure un véritable destin et a
transformé son accident en une condition poétique allant souvent jusquà
lhermétisme. Néanmoins, beaucoup de personnes se pressaient autour de ce
lumineux malade qui disait : « La
matière existe à peine au regard de ce que lesprit est capable de matérialiser ».