L'AMOUR AU PLURIEL

Si « le verbe aimer ne peut efficacement se conjuguer qu’au pluriel », alors Ange Bastiani l’a bien compris. Dans une succession de nuits fiévreuses, ce pornographe accompli ne nous épargne aucun détail. Avec une délectation presque perverse, il nous conte les aventures d’un couple qui se transforme en trio, et qui n’élude aucun tabou sur le chemin de la décadence. Le souci du détail et la langue enlevée font de L’Amour au pluriel une gifle aux bonnes mœurs des années soixante et un délice à lire ou relire aujourd’hui.

Ange Bastiani est le principal nom de plume, parmi ses multiples alias, de Victor Maurice Élie Jean Le Page (1918-1977). Ayant joué un rôle trouble durant la Seconde Guerre mondiale, il est emprisonné et se met à écrire. Il tire de cette expérience pénitentiaire une large connaissance de la pègre corse et marseillaise, qu’il met à profit dans ses romans policiers, publiés à la « Série noire » sous le pseudonyme de Maurice Raphaël. Certains seront réédités par les éditions Le Dilettante dans les années quatre-vingt-dix. En 2007, Patrick Modiano en fait l’un des personnages de son roman Dans le café de la jeunesse perdue.