Ne pourrait-on, ne devrait-on lire quun seul texte de Sade,
cest incontestablement La Philosophie
dans le boudoir quil faudrait choisir. « En premier lieu », a écrit André
Pieyre de Mandiargues, « parce quil me semble que celui-là est aussi
superbement que joliment rédigé ». Et cest vrai. Il règne dun bout à lautre
de ce livre un bonheur dexpression, une allégresse, un humour (quelquefois
assez noir, mais cest Sade, dont les audaces extrêmes ne se lisent pas comme La Semaine de Suzette !), capables de
plonger le lecteur dans une jouissance pareille à celle qui, manifestement, a
transporté lauteur pendant quil lécrivait.
Mais aussi, cette Philosophie dans le boudoir présente la
particularité de concentrer en un seul volume ce que Sade a produit de plus
brillant, en même temps que de plus profond. Jamais son étonnante « façon de
penser » ne sest exprimée plus nettement, plus hautement. Lecture brûlante ? «je ne madresse quà des gens capables de
mentendre », écrit-il, « et ceux-là me liront sans danger ».
Que dire de Donatien-Alphonse-François de Sade (1740-1814) ? Une courte biographie ny
suffirait pas et napporterait rien de plus : il nest personne qui nignore
plus son nom comme faisant partie des auteurs dits « majeurs ».