Cédant aux exigences de son amant, Jeanne s'oblige à regarder ce qu'elle n'osait auparavant fixer des yeux et elle met en mots - jusqu'à en être obscène - le corps, sa transe, le désir fou. Roland quant à lui, récemment privé du sens de la vue, savoure une sexualité inédite grâce à l'ouïe, au toucher, au goût, à l'odeur et à l'ivresse que la parole de Jeanne fait naître en lui.
Au gré des mensonges pieux et des vérités parfois cruelles, ils vont s'engager sur des terres inconnues, celles de la découverte de soi-même et de l'autre : dans le noir, pour Roland, et en pleine lumière, pour Jeanne. Pendant un mois, ils vont entretenir une liaison secrète : un mois de tourments, un mois de bonheur, gravé dans l'éternité.
Avec La peur du noir, Françoise Rey réalise un travail brillant, où la poésie de l'ombre sublime les élans charnels de manière crue et atypique. Et constamment, sa plume vive et élégante interroge : on dit que l'amour est aveugle, mais cela signifie-t-il qu'il soit malvoyant ou, au contraire, extralucide ?