Il suffisait de refermer la porte sur elle et on était sûr de la retrouver à la même place au retour. Elle mangeait, dormait, et se laissait baiser sans réagir. Tout paraissait lui sembler normal. Elle nétait pas très intéressante. Elle sappelait Sylvia. Peut-être. Peut-être aussi quelle sappelait Monique, Nicole, ou même Josette. Personne, dailleurs, ne le lui avait demandé. Tout le monde se foutait bien de son nom de baptême, comme de son patronyme, autant que de la chemise quelle ne portait pas. Simplement, elle avait énoncé ce prénom, dune voix terne, la veille ou lavant-veille, au moment où Man avait engouffré son monstrueux mandrin entre ses lèvres minces :
Je mappelle Sylvia Gulp !
« La Brigandine », cest le joli nom dune maison dédition qui, à la fin des années 1970 et au début des années 1980, publie (vraisemblablement sous limpulsion dHenri Veyrier) des romans populaires à coloration érotico-pornographique. Les auteurs de la Brigandine se parent de pseudonymes parfois exotiques : Georges le Goulpier, Hurl Barbe, Gilles Soledad Derrière ces noms énigmatiques se cachent des écrivains connus, comme Raoul Vaneigem ou Jean-Pierre Bouyxou. Les titres sont volontairement potaches, parodiant de grandes uvres de la littérature (Cime et châtiment...) ou jouant sur les mots (La Loque à terre). Le ton est très libre, militant parfois : dans le catalogue de la Brigandine se mêlent pornographie libertaire, théories situationnistes et délires surprenants Détonnant mélange ! Ces romans sont destinés aux amateurs dérotisme et de contre-culture. Les histoires sont souvent entraînantes, et ponctuées de scènes pornographiques pour le moins émoustillantes Ajoutez une touche dhumour et une note contestataire : le tour est joué ! Laventure, dassez courte durée, laisse un catalogue denviron 140 titres, aujourdhui recherchés par les collectionneurs.