À
Cavaillon, capitale des melons, Christine, s'ennuie dans sa belle villa.
Elle est mariée à un sous-officier dans la marine marchande, qu'elle ne
voit que tous les trois mois. Pour s'occuper, elle s'intéresse à ses voisins.
Ceux-ci ont un gamin. Une relation tendre se noue entre la jeune solitaire
et l'enfant qui grandit. Tony dort souvent chez sa voisine et même dans
son lit. Au début, elle n'est pour lui qu'une mère de remplacement. Mais
les années passant, il grandit... et voilà qu'à seize ans il vient encore
de temps en temps partager son lit ! Seulement, il ne s'y comporte plus
comme un enfant...
Des jeux de plus en plus
coquins s'instaurent entre Christine et son jeune voisin. Tourmenté par
les démons du sexe, il se fait initier par elle plus ou moins de bon gré
(la chair est si faible...), en fait, on pourrait se demander lequel initie
l'autre ? Ce sentiment maternel évolue, et si, au début, les deux personnages
vivent leur complicité amoureuse dans un étrange climat de perversité
et d'innocence, bientôt les démons du vice prennent les rênes, emportant
les tourtereaux dans des équipées de plus en plus scabreuses. C'est que
ce coquin de Tony, qui fait de mauvaises lectures, a des goûts très "
partageux ", comme on disait jadis. Quand il y en a pour deux, il y en
a pour trois, non ? Il aime bien faire profiter ses copains des joies
charnelles (et cérébrales) qu'il goûte avec sa " poupée vivante " (car
c'est leur convention : Christine, quand " ils s'amusent ", n'est plus
une dame, mais... une " poupée qui fait pipi ".)
Garçons et filles viennent
donc pouponner avec l'épouse délaissée du navigateur... Chacun voyage
à sa façon, certains embarquent pour Valparaiso, d'autres pour Cythère...
Sans doute le meilleur roman de Gilles de Brissac. Quand aux dessins de
Holst... du nectar !